Traffic Jam (1)
Traffic Jam (2)
Du Street Art. Manifester ça ne sert à rien
NOM: Löwenthal
PRENOM: Xavier
PSEUDO: Professeur, Judith Forest, Collectif Manifestement, Laurent d’Ursel, La 5e Couche, 5c, Amélie Nothomb.
ESPACE-TEMPS: Né le 18/10/1970 à Schaerbeek (mais pour les pseudonymes, ça dépend).
Wikipedia, que tout le monde copie-colle, affirme que je suis né le 18 juin 1970, mais ils ont copié
sur mon profil facebook, où j’avais modifié la date, un 17 octobre, pour éviter
les photos de petits chats. Hélas, on ne peut changer sa date de naissance qu’une seule fois
et, tous les 18 juin désormais, je suis envahi de petits chats. Je vis à Bruxelles mais je suis
de la cgne, des vaches et des livres. La laideur des villes a fini par me séduire, tout de même.
Spécialement cet endroit :https://www.google.be/maps/@50.842438,4.352319,3a,75y,125.47h,89.34t/data=!3m4!1e1!3m2!1s5J9pOE_XlbihNbtUA-3J7g!2e0!6m1!1e1 qui
représentait l’absurdité de la bruxellisation, mais qui a fini par devenir un modèle
d’abruxellation, une forme de désintégration sans assimilation possible, d’une terrible
beauté.
De nombreux voyages permettent d’apprécier cette ville et ses habitants, ce cosmopolitisme de
village. Bruxelles est particulièrement belle, à condition d’y revenir et de ne pas y
rester. C’est peut-être le cas de bien des villes. Split, un autre village, épouvantablement
homogène ethniquement, sauf l’été quand des hordes de Français, d’Allemands,
d’Anglais et de Russes viennent faire des selfies dans le palais de Dioclétien (ils sont désormais
tous équipés d’une espèce de baguette pour tenir leur i-phone à distance
et ils se filment en permanence, ce qui promet à leurs amis et voisins des soirées diapos délicieuses).
J’ai choisi Split à cause de l’amour, parce qu’il y a de ces Croates…Mon bureau
est dans mon pc, mon moleskine dans une poche, mon smartphone dans une autre. Sauf ces foutus cartons de livres,
je n’ai besoin d’aucun lieu.
DÉSIR et ACTION: Je dessine et j’écris. Je ne fais que des livres, et comme un
dealer de coke coké ou un barman alcoolique, j’en lis beaucoup trop, je ne serai donc pas riche.
Idéologiquement farouchement dégagiste : que les gouvernements et les gouvernants crèvent,
on sera moins gouvernés. Comme on n’a jamais tort d’aimer, même ce qui serait médiocre,
et qu’avoir bon goût, c’est savoir tout aimer, on s’en trouve mieux quel que soit
le plat servi, j’aime aimer.
SOURCE DE REVENU: J’enseigne, j’aime assez ça mais je m’en passerais bien.
D’ailleurs, j’arrête. 4 jours par semaine, 20h par semaine, c’est beaucoup trop pour
moi. Paresseux très contrarié, même aimant le travail, il ne faut pas trop exagérer.
Je vole l’argent des riches, ça leur fait du bien. Ils se sentent mécènes et je
trompe leur ennui.Je travaille tout le temps, même quand je bois, même quand je dors, et surtout
quand je baise (baiser n’a pas le même sens, en français et en belge). Et d’ailleurs,
même quand j’enseigne, je travaille (je suis en classe en ce moment).
ENGAGEMENT: Je suis Dégagiste libéral d’ultragauche. Je fus élevé
catholique, jésuitiquement. Mon grand-père paternel était Juif, mais cet idiot, athée
qu’il était, s’est converti au catholicisme, si bien que je suis juite. Avec deux oncles
jésuites, dont un ancien provincial, en Argentine, et un bénédictin père-abbé
au Paraguay, un père président des laïcs en Belgique qui se chamaillait avec le futur pape
au milieu des vaches et des livres (parce que Maradona, mano de dios, ça ne rachète pas Videla),
une mère catéchumène et psy, sœur Emmanuelle qui venait chaque année nous
dire au revoir pour la dernière fois, à l’école Saint-Joseph, j’étais
mal parti pour le bolchevisme. Les moustiques ont été la cause de mon premier doute théologique :
comme beaucoup d’enfants, les piqûres me causaient des irritations excessives. Si la Création
est parfaite, qu’il faut n’être qu’amour et partage, je veux bien donner un peu de
mon sang pour nourrir les larves des moustiques, mais alors, nom de Dieu de sa mère la pute, pourquoi
est-ce que ça gratte comme ça ? On me mentait, je le sentais. Quand j’étais
petit, enfant de chœur, je rêvais que le Saint Esprit me frappe devant les autres fidèles
médusés et j’attendais ce moment qui n’arrivait pas. Je voulais être un saint,
même si c’était difficile de ne pas voler le chocolat dans la cave en semant des indices
désignant ma petite sœur. J’ai réalisé un jour que, si mon grand-père
était resté Juif, j’aurais pu être le Messie. Saint chez les cathos, messie chez
les Juifs... Ce fut mon second doute théologique, et j’ai cessé de prier. Après
des années d’agnosticisme, j’ai fondé l’egothéisme et je m’en
suis trouvé bien. Un stage d’une semaine intensive peut vous changer en dieu, en échange
de tout ce matérialisme qui alourdit vos vies et empêche toute élévation spirituelle
(écrire au bureau du journal).